Dans cet hôtel de passe
de la mer des Sargasses
il paraît qu’il s’en passe
de belles, et ça m’agace !
Car je vois d’un mauvais œil
cette belle fille des Bermudes
qui chaque jour se dénude,
allume les clients sur le seuil
de sa porte
où comme des cloportes
s’agglutinent des prélats,
des marins, des soldats…
Pauvre de moi, pauvre pêcheur !
Amoureux transi d’une anguille,
elle frétille, elle m’émoustille,
j’espère secrètement ses faveurs…
Pauvre de moi, pauvre pêcheur !
Je me laisse escroquer
pour qu’elle se laisse croquer
dans les fruits défendus,
dessous de soie tendue…
Au premier de ses clins d’œil
annonciateurs du prélude,
à l’hôtel « Bon Accueil »
chaque soir la lutte est rude
et je gratte
comme un mille-pattes
chargé d’or et d’argent,
de parfums envoûtants…
Pauvre de moi, pauvre pêcheur !
Amoureux transi d’une anguille,
elle frétille, elle m’émoustille,
j’espère secrètement ses faveurs…
Pauvre de moi, pauvre rêveur !
Le jour à Singapour, la nuit en Tunisie…
Le jour à Singapour, la nuit en Tunisie…
Puis, enivré d’alcool de poire
je consulte de vieux grimoires,
philtres d’Amour, magie, pentacles,
tout en rêvant à son tabernacle…
Pauvre de moi, pauvre pêcheur !
Amoureux transi d’une anguille,
elle frétille, elle m’émoustille,
j’espère secrètement ses faveurs…
Pauvre de moi, pauvre pêcheur !
©Thierry Vaganay