Il est 3 heures du matin. Encore une nuit où le sommeil me fuit, où l’obscurité m’enveloppe, laissant mes pensées courir dans le chaos d’un monde que je n’ai jamais voulu comprendre ni accepter.
À 70 ans, on pourrait croire que la révolte s’apaise. Mais non. Elle brûle toujours, comme un feu qui refuse de s’éteindre, alimenté par l’absurdité d’un monde où la cruauté est devenue la norme. Guerre, misère, hypocrisie des puissants… et nous, spectateurs dociles, englués dans cette farce grotesque.
Je suis debout, à l’heure où tout le monde dort, parce que dormir, c’est renoncer. Renoncer à hurler contre l’inhumanité de ce que nous appelons civilisation. Renoncer à rêver d’un monde différent, même si, au fond, je sais que mes rêves ne verront jamais le jour.
Je pense à cette actualité que je déteste lire mais que je ne peux m’empêcher de suivre. À ces visages sans nom qui meurent sous les bombes ou dans les rues froides, pendant qu’on débat des profits et des statistiques. À ces jeunes qui marchent, encore pleins d’espoir, sans savoir qu’ils entreront bientôt dans la grande machine qui les broiera. Et moi, que fais-je ? Je veille, je pense, je rage.
À quoi bon ? Peut-être à rien. Mais ce rien, c’est encore quelque chose. Une étincelle. Une preuve que je suis vivant, que je refuse de me fondre dans cette grande nuit de l’indifférence.
Demain, peut-être, je me lèverai avec les autres. Mais ce soir, cette nuit, elle est à moi. À mes colères, mes doutes, et mes rêves indomptables.